C’est donc aussi un appel à témoin que nous lançons

Afin d’établir définitivement la vérité sur l’affaire HB-183/108, le Ministère a décidé de rendre publics les écrits qui attestent que celui devant vous accusé est bel et bien l’auteur d’un double crime porté contre l’intelligence, à savoir : vol de propriété intellectuelle et usurpation d’identité dans le but d’établir un commerce subversif.

L’Église qui, la première, a été victime de la supercherie, s’est avec nous associée pour enfin mettre un terme à cette mystérieuse affaire qui n’a que trop longtemps ridiculisé le sens critique et la logique. Puisque les soutiens politico-financiers du prévenu ont permis que soient à jamais abandonnées toutes les procédures pénales que nous avons tenté, à maintes reprises, de voir aboutir à un emprisonnement exemplaire, ces preuves n’auront plus qu’à poursuivre leur destin dans les arcanes réseautées de l’éternité afin que l’opinion ait désormais les moyens de formuler elle-même, en toute connaissance de cause, sa propre sentence.

La saisie de l’ordinateur du sinistre prévenu, lors d’une perquisition surprise rendue possible grâce à l’état d’urgence prolongé que notre assemblée représentative a promulgué à la suite des attentats qui ont entaché à jamais la mémoire contemporaine de notre peuple, a permis de rétablir la chronologie d’une correspondance étonnamment et scrupuleusement déjà rassemblée, comme pour être immédiatement trouvée, dans un dossier désigné par l’hashtag GRP qui, après reconstitution d’un phénomène historiquement connu de nos services secrets, et bien-sûr, après lecture de ladite correspondance, — et ce, alors que nous pensions tous ce sigle définitivement oublié —, correspond bien à un groupuscule né dans la seconde moitié du vingtième siècle, véritable entreprise familiale, qui s’était outrageusement spécialisé, avec les moyens de son époque, dans l’attentat littéraire. Cette association de mauvais penseurs s’avère n’avoir jamais été dissoute ni par les autorités ni par ses membres fondateurs qui, — mais nous n’en sommes plus surpris à présent —, ont presque tous, thanks God, rencontré l’infortune et disparu dans l’insuccès, sombrant parfois dans la misère. Cependant, nous nous attendons à ce que notre recherche révèle d’autres méfaits que le GRP aurait réussi à fomenter malgré son absence de visibilité dans notre espace public, tel un immense détournement, un marché noir de l’art d’écrire de soi-disant fictions.

Il nous manque encore quelques pièces au puzzle pour démontrer scientifiquement comment cette énergie criminelle s’est développée dans le silence, à l’abri de nos regards policiers pourtant hautement aguerris dans ce genre d’affaire. La correspondance que vous allez découvrir ne s’adresse en effet qu’à une seule et même personne, et le prévenu a intelligemment supprimé tout ce qui pourrait établir l’identité de celle qui semble être sa principale complice. C’est donc aussi un appel à témoin que nous lançons à travers cette publication.

Que celles et ceux qui pourraient dresser le portrait robot de cette dangereuse criminelle, à travers une fine analyse sémantique, observant un détail, opérant des rapprochements, soient prié(e)s de contacter le Ministère dans les plus brefs délais.

Nous sommes confiants de croire que, grâce à vous, notre siècle sera celui d’une meilleure justice littéraire.


Suivant

Retour au sommaire


Si vous souhaitez recevoir les prochains épisodes dans votre boîte mail, abonnez-vous ici.

© 2017 OLIVER RYCH – Tous droits réservés